vendredi 4 mai 2012

Girl Model: rêves brisés


L’industrie des mannequins n’apparaît pas de façon très rose et glamour dans «Girl Model», un très intéressant documentaire américain qui devrait être montré à toutes les adolescentes de la planète.

Quelle jeune fille n’a pas rêvée de devenir mannequin? Déjà que se faire remarquer est une chose, mais réussir à gagner sa vie ainsi en est une autre. C’est pourtant la chance qu’offre Ashley en choisissant l’adolescente de 13 ans Nadya. De sa Sibérie froide et austère, elle pourra faire plein d’argent en s’envolant vers le Japon. Pourtant, la réalité est toute autre…

On image déjà le documentaire racoleur et voyeur que «Girl Model» aurait pu être s’il avait été concocté selon la méthode de Paul Arcand. Les vétérans cinéastes David Redmon et Ashley Sabin (ce n’est pas la Ashley du récit) n’ont pas voulu emboîter le pas. Au contraire, leur réalisation électrisante sans être stylisée va droit au but, suivant à la trace leurs deux héroïnes.

Nadya est la première à retenir l’attention et son destin fend l’âme puisqu’elle a mis le pied dans un engrenage sans fin qui fait rêver mais qui risque de la broyer au passage. En devenant mannequin, elle partira à l’étranger pour un endroit inconnu où elle est seule, n’étant même pas capable de se débrouiller en anglais. Tokyo la séduisante aura tôt fait de resserrer ses griffes sur sa frêle personne, l’obligeant à revenir sur ses pas ou à continuer coûte que coûte. À ses risques et périls, bien entendu.

Ce regard n’est peut-être pas neuf, sauf qu’il demeure éloquent. Surtout qu’il est accompagné d’un portrait d’Ashley, une ancienne mannequin qui n’a jamais véritablement aimé son métier et qui connaît toutes les répercussions possibles et inimaginables. Pourtant, elle continue d’y travailler, faisant miroiter l’argent et la renommée à des personnes extrêmement influençables. Bien qu’elle prenne moins de place dans l’essai, c’est de ce côté que le cinéphile retrouvera le terrain le plus fertile en surprises et en révélations tant le sujet est à la fois attachant et contradictoire.

Utilisant de belles lenteurs langoureuses pour camper l’atmosphère la plus judicieuse, ne lésinant pas sur les questions essentielles pour confronter ses intervenants, «Girl Model» arrive à montrer les dessous d’une industrie qui fait rêver. Cette même industrie qui sélectionne les personnes les plus jeunes et les plus minces possibles pour les «vendre» à des clients qui ont tôt fait de les exploiter. C’est dans ces moments-là que le cinéma – et particulièrement les documentaires – prennent toute leur importance. Si ce n’est pour dénoncer, sinon pour seulement montrer l’état du monde.

3,5/5

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